Évaluer les effets d’une coopérative alimentaire

L’implantation de coopératives alimentaires semble être une solution prometteuse pour améliorer l’accès géographique aux aliments de haute valeur nutritive, la qualité de l’alimentation, et la vitalité et le bien-être de la vie dans la communauté, notamment pour les petites communautés. L’évaluation permet donc de déterminer si les effets attendus sur l’accès, l’alimentation, la vitalité et le bien-être se sont concrétisés.

Pour évaluer les effets réels de l’implantation de coopératives, l’équipe EffICAS utilise des questionnaires. L’analyse des réponses permet de savoir si des changements sont survenus dans les habitudes d’achat, la perception de l’environnement alimentaire, la qualité de l’alimentation, la santé des individus ainsi que la vitalité et le bien-être de la vie dans les communautés à la suite de l’ouverture de la coopérative.

Collecte de l'information

Dans l’étude EffICAS, des citoyennes et citoyens vivant dans les communautés où sont développés les projets de coopératives remplissent des questionnaires avant et après l’ouverture des coopératives alimentaires.

Stratégies de recrutement

Idéalement, un nombre important de personnes issues de la population d’intérêt répondrait au questionnaire initial (collecte préimplantation) ainsi qu’aux suivants (collectes après l’ouverture de la coopérative). Un grand échantillon permet de tenir compte des éventuels abandons et de maintenir la capacité de comparer les données afin de détecter des effets dans le temps.

Plusieurs moyens peuvent être employés pour faciliter le recrutement des répondants. La façon idéale est de se déplacer dans les communautés pour recruter des participants, et de bénéficier d’une personne-ressource pour recruter et aider les participants à remplir les questionnaires.

Cette avenue s’avérant impossible dans l’étude EffICAS - la première collecte de données (2021) ayant eu lieu durant la pandémie de COVID-19 - diverses stratégies de communication ont été utilisées pour la faire connaître et recruter des participants :

  • Réalisation d’une campagne publicitaire sur Facebook et Instagram;
  • Réalisation de publicités à la radio, dans des journaux et des feuillets paroissiaux locaux;
  • Apposition d’affiches présentant l’étude dans des lieux publics sur le territoire des communautés à l’étude;
  • Présentation de l’étude à des réunions de conseils municipaux, de conseils d’administration ou de comités provisoires de coopératives;
  • Promotion de l’étude dans les réseaux de contacts et sociaux de différents acteurs provinciaux, régionaux et locaux;
  • Implication de citoyens dans l’étude afin de la faire connaître dans leur communauté;
  • Sondage de l’intérêt pour participer à l’étude à l’aide des numéros de téléphone résidentiel des résidents des communautés concernées par une firme de sondage;
  • Envoi de questionnaires par la poste à l’ensemble des adresses postales de la communauté à l’étude.

Outils utilisés dans EffICAS pour évaluer les effets

Les outils d’évaluation pourraient être utilisés dans d’autres situations, comme la réalisation d’un portrait de la situation à un moment donné ou l’évaluation des changements survenus à la suite de la mise en place d’une intervention sur l’environnement alimentaire.

Ces outils, tirés de travaux d’autres chercheurs et d’organisations de santé publie, prennent la forme de questions à insérer dans un questionnaire à soumettre à la population ciblée. Selon les besoins d’évaluation, ces outils peuvent être utilisés séparément, ensemble ou en combinaison avec d’autres outils.

Interprétation des résultats d’effets

L’évaluation des effets peut reposer sur la comparaison des résultats obtenus avec les effets anticipés. Mais pour bien interpréter ces résultats, il est utile d’examiner le contexte pour comprendre son influence potentielle sur les résultats. Cet examen pourrait également servir à identifier des facteurs ayant influencé l’implantation et la production des effets.

Par exemple, si aucun changement n’a été observé dans la fréquence de consommation de fruits et légumes chez la population cible, mais que la nouvelle coopérative ne vend pas de fruits et légumes, on peut difficilement conclure que son implantation n’augmente pas leur consommation. Il faudra plutôt nuancer l’absence d’effet observé par le fait que l’accès aux fruits et légumes dans la communauté ne s’est pas amélioré.

Voici quelques pistes de réflexion pour l’examen du contexte. L’implication de personnes issues du milieu d’intervention favorise une réflexion d’une plus grande richesse.

  • L’intervention a-t-elle eu lieu comme elle était planifiée?
    On ne peut pas évaluer les effets d’une intervention qui n’a pas eu lieu. Il importe également de savoir si l’intervention a eu lieu avec une intensité moindre que prévu ou si certaines composantes n’ont pas été mises en place.
  • Quel était l’accès aux aliments sur le territoire avant l’implantation?
    Y avait-il une abondance de commerces offrant des aliments de haute valeur nutritive ou le secteur avait-il plutôt un faible accès à ces aliments?
  • Y a-t-il une variété d’aliments de haute valeur nutritive en vente à un juste prix dans la coopérative?
  • La communauté a-t-elle adopté le nouveau commerce pour faire ces achats? Sinon, pourquoi?
  • Les membres de la communauté sont-ils des clients de la coopérative? Si oui, à quelle fréquence achètent-ils des aliments?
  • Les clients achètent-ils des aliments de haute valeur nutritive? Sinon, pourquoi?
  • L’expérience client est-elle agréable (service de qualité, heures d’ouverture, modes de paiement)? Sinon, pourquoi?
  • Existe-t-il des éléments de contextes externes à la coopérative qui auraient pu influencer l’atteinte des objectifs (p. ex. modification du taux de chômage dans la région, difficultés importantes d’approvisionnement alimentaire, catastrophe naturelle, évènement négatif survenu dans la communauté, climat politique négatif, etc.)?