Pour un verdissement équitable
Le verdissement des villes représente une des solutions prometteuses pour s’adapter aux effets des changements climatiques. Toutefois, les quartiers verdis ont un pouvoir d’attraction et peuvent causer un certain embourgeoisement, laissant à la marge des ménages en situation de précarité financière. L’INSPQ s’est intéressé au phénomène et publie un guide à l’intention des municipalités pour promouvoir un verdissement équitable.*
Cette publication, intitulée Verdissement urbain et embourgeoisement - Guide à l’intention des municipalités pour promouvoir un verdissement équitable, a pour objectifs de :
- Définir l’éco-embourgeoisement;
- Reconnaître les groupes de personnes plus susceptibles de vivre des impacts négatifs de cet embourgeoisement;
- Comprendre les facteurs augmentant le risque d’embourgeoisement des quartiers et ses impacts négatifs sur les populations en situation de vulnérabilité;
- Considérer certaines interventions prometteuses pour prévenir et atténuer les effets négatifs potentiels sur la santé et la qualité de vie de la population dus à l’éco-embourgeoisement;
- Disposer d’une boîte à outils avec des ressources pour approfondir certains thèmes, comme la participation citoyenne et la collaboration intersectorielle.
Concrètement de quoi parle-t-on ?
Les quartiers contenant le moins d’arbres et d’espaces verts sont souvent défavorisés économiquement et socialement. Ce sont pourtant les populations de ces quartiers qui tireraient le plus de bénéfices du verdissement, par exemple par l’accès à la nature, à des lieux de socialisation et adaptés à la pratique d’activités sportives et récréatives, ou encore par l’amélioration de la qualité de l’air.
Bien que nécessaire, le verdissement des quartiers abritant des ménages à plus faible revenu en augmente l’attractivité, entrainant une cascade de conséquences pour ces derniers. La demande immobilière croît. Le prix des habitations augmente et influence le coût des loyers. Les personnes à plus faible revenu n’ont alors plus les moyens d’habiter leur quartier et peuvent être contraintes à déménager. Celles qui demeurent peuvent être exposées à des changements concernant leurs services de proximité, tels que la perte de services communautaires ou de boutiques à bas prix. Ultimement, elles deviennent étrangères dans leur propre quartier.
Il est plus que jamais nécessaire de verdir nos villes tout en amenant une meilleure justice dans la distribution de la forêt urbaine. Il faut néanmoins adapter les pratiques d’aménagement urbain et de santé publique pour limiter les impacts négatifs liés à l’embourgeoisement.
Interventions prometteuses
Parmi les interventions proposées, le guide met en évidence la participation citoyenne, les collaborations intersectorielles et le logement social. En résumé, les mesures qui protègent les locataires et augmentent l’offre de logements sociaux (HLM, coopératives d’habitation, OBNL d’habitation) sont les seules qui peuvent vraiment prévenir le déplacement des personnes en situation de vulnérabilité.